A Mouroux les collégiens et le café culturel créent un mémorial pour les femmes et filles victimes de féminicide

par Stéphane CUTTAÏA

A Mouroux les collégiens et le café culturel créent un mémorial pour les 128 femmes et filles victimes de féminicide 

 

En 2022, c’est dans les rues de la ville que l’hommage avait été rendu, cette année c’est  la salle d’exposition du café culturel qui accueille le mémorial exposé jusqu’au 6 décembre. Alicia : 18 ans, Julie : 29 ans, Cécile : 48 ans, Catherine : 66 ans, Edith : 88 ans… Les élèves de 3e et de 5e du collège George Sand ont participé avec l’association C’est déjà ça à la création du mémorial composé des 128 affiches qui rendent hommage à la mémoire de chacune des femmes et filles victimes de féminicide depuis le début de l’année 2023.  La série sobrement illustrée est accompagnée par d’autres travaux d’affichage sur l’égalité et le respect entre filles et garçons réalisés dans la classe d’arts plastiques de l’enseignante Jeanne Hoorelbeke.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale « 16 Jours contre les violences faites aux femmes, » autrement appelée « Orange the world », symbolisée par la couleur unificatrice orange, vive et porteuse d’espoir et la semaine de sensibilisation du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse. 

Organisée par les acteurs de la société civile et soutenue par l’Organisation des Nations Unies, la campagne des « 16 Jours » a été créée en 1991 et a pris de l’ampleur ces dernières années en se déroulant dans un nombre croissant de villes et de pays à travers le monde, sous la forme de manifestations diverses : débats, projections, spectacles, conférences, pétitions, rassemblements et installation de mémoriaux dans l’espace public pour rendre hommage aux femmes et aux filles victimes de féminicide. La campagne vise à mobiliser l’opinion et à interpeller les pouvoirs publics en faveur de politiques publiques véritablement à la hauteur de l’enjeu.     En France, les violences faites aux femmes ont été érigées par la présidence de la République en « Grande cause nationale » des deux quinquennats. Jusqu’à présent, le constat est amer, la « Grande cause » n’ayant mené ni à une diminution du nombre de féminicides, ni à une diminution des violences sexuelles et sexistes de façon générale. En 2023, 20% des victimes de féminicide ont déposé plainte contre leur meurtrier, en vain.

La campagne a donné lieu à deux autres rendez-vous au café culturel. Le 11 novembre, la comédienne Barbara Moreau était sur scène pour présenter sa pièce « Mon amie la chose ». Ce spectacle, émouvant et combatif, régulièrement joué dans les lycées et les centres sociaux et culturels, traite du procès aux assises du meurtrier de Sylvie Bâton, victime de viol et d’assassinat en 1989 et amie de jeunesse de la comédienne. L’affaire a défrayé la chronique durant des années, notamment parce que la Justice a mis près de vingt ans pour démasquer et juger le meurtrier. Le terme « chose » fait écho aux travaux de l’historienne Christelle Taraud qui qualifie les féminicides de « crimes de propriétaires ». Les victimes étant considérées comme des choses. 

Il faut noter que la campagne « 16 jours contre les violences faites aux femmes » ne se résume pas aux violences physiques, elle vise aussi les violences sociales et économiques que subissent les femmes. Le 22 novembre a été projeté au café culturel  le film documentaire de Gilles Perret et François Ruffin  « Debout les femmes ». Le film, nommé aux Césars en 2022, rend hommage aux professions « invisibles » mais essentielles  qui regroupent les métiers du lien : aide à domicile, accompagnant des élèves en situation de handicap,  auxiliaire de vie, agent d’entretien… Des emplois souvent contraints d’être exercés à mi-temps, sous-payés et majoritairement féminins. Le film suit en parallèle la mission parlementaire qui a mis en lumière la nécessité de créer un statut pour encadrer ces professions. Faute de majorité,  le projet de loi présenté à l’Assemblée nationale n’a pas été retenu et les dizaines de milliers de femmes concernées poursuivent leur lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

 

Cet article est en lien avec

Allée Jean-Marc Fresc
77120
Mouroux

Pin It on Pinterest