Focus sur l'article "Démocratiser les tiers lieux" d'Antoine Burret

Résumé de l’article: Burret A. (2013), « Démocratiser les tiers-lieux », Multitudes, n°52, p.89-97 https://www.cairn.info/revue-multitudes-2013-1-page-89.htm

Dans son article, A. Burret aborde la question de la démocratisation des tiers lieux à travers l’exemple de la création du Comptoir Numérique à Saint Etienne. Ici l’apparition de ce type d’espace est lié à la démocratisation des nouvelles technologies et son appropriation par la société civile. L’auteur décrit le processus de création du Comptoir Numérique par un collectif ayant une expertise sur les nouvelles technologies. Il retrace le parcours de ce collectif ayant mené à la création d’un lieu physique, qui réunit espace de coworking, centre de ressources numérique et Espace Public Numérique (EPN). Cet exemple lui permet de connecter innovation technique et innovation sociale et d’envisager les perspectives proposées par les tiers lieux vers une nouvelle manière de s’organiser et de penser le travail collectif, centrée sur le partage et la diffusion de connaissances.

Que nous apprend l’article sur les tiers lieux ?

Comme nous l’avons vu, l’auteur connecte la démocratisation du numérique avec le développement des tiers lieux. Il apparaît clairement que les tiers lieux oeuvrent à lutter contre l’exclusion numérique dans une dynamique collective et collaborative. On constate que numérique et tiers lieux sont ainsi très liés et on nous donne à voir les dynamiques collectives humaines qui sont à l’oeuvre dans la création d’un tiers lieu à travers l’exemple proposé. Il est question d’un mouvement de la société civile qui grâce à la mise en commun et en réseau, tente de diffuser des connaissances gratuitement autour de l’outil numérique, sur son territoire (un département). Le tiers lieu, géré par un collectif, donne accès gratuitement aux communs numériques auprès de sa communauté. Les valeurs mises en avant, sont l’accessibilité, la flexibilité et l’ouverture pour s’adapter au plus grand nombre. L’idée du projet est de permettre la création d’une communauté démocratique avec la volonté de partager et d’essaimer ce modèle. Cet exemple est très intéressant car il nous permet de décortiquer la création d’un tiers lieu, les valeurs qui y sont prônées et l’importance du collectif et des communs dans le concept de tiers lieux. 

L’auteur évoque également la question économique en différenciant la mouvance des tiers lieux avec le monde des « start up ». L’auteur explique ainsi que les start up basent leur fonctionnement sur des brevets, des parcs technologiques et notamment la notion de capital-risque alors que les tiers lieux utilisent les « copyleft », les « creative communs » et les réseaux sociaux et proposent ainsi de nouvelles manières d’entreprendre. Cependant, l’auteur n’oublie pas de préciser que le modèle économique des tiers lieux est difficile à trouver et que son équilibre est souvent précaire, reposant en grande partie sur des subventions publiques, ce qui créer une dépendance financière, et parfois sur de la location d’espaces (bureaux, coworking…). Le dernier élément pertinent à noter est l’ouverture finale de l’article où l’auteur observe une ré appropriation du terme tiers lieux par le monde capitalise de l’entrepreneuriat « classique » (ex: espaces location, télé centres, centres d’affaires) à des fins marketing, mettant de côté la dimension de commun et de dynamique collective inhérente au concept de tiers lieux, pour poursuivre un seul objectif de vente d’espaces de travail avec un concept en vogue. 2Ainsi l’auteur constate que pour se parer contre cette appropriation capitaliste du concept, il existe de nombreuses ressources sur internet qui sont très techniques et peu accessibles aux personnes non habituées à ce milieu. Selon lui, il faudrait simplifier le vocabulaire utilisé pour être plus inclusif et permettre une meilleure compréhension de ce concept et sa réelle démocratisation.  

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