Il faut remettre la culture au cœur du lien social

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par Stéphane CUTTAÏA

Ouest-France  Noémie BAUDOUIN le 05/04/2022 

 

À l’occasion de l’élection présidentielle qui aura lieu les 10 et 24 avril 2022, nous sommes allés à la rencontre d’acteurs de la culture à Vire Normandie (Calvados). S’ils n’ont que peu d’espoir de changement, ils souhaiteraient une société davantage axée sur la culture, le lien humain et l’écologie.

« Aujourd’hui, c’est compliqué de vivre en tant qu’artiste. » Patrick Lechevallier,encadreur à Vire Normandie (Calvados), résume en une petite phase sa façon de penser. Et elle est largement partagée par Jean-Yves Patry, président de l’association Deux-Temps qui promeut la culture et Samantha Mercier, photographe, vidéaste et graphiste. Ils sont tous les trois réunis, ce mercredi 30 mars 2022, à la Menuiserie, un espace de travail collaboratif réservé aux artistes.

Alors que se tiendra l’élection présidentielle les dimanches 10 et 24 avril 2022, ces acteurs de la culture ont accepté de s’exprimer. Du bout des lèvres, ils confient leurs déceptions et leurs espoirs pour l’avenir. Un futur qu’ils imaginent bâti sur la culture et l’écologie. « L’art et notre façon de consommer sont très liés », lance Samantha. « Les modes de consommation des gens changent, ajoute Patrick. Ils reviennent aux essentiels, au local et ils sont plus respectueux de l’environnement. »

Une nouvelle manière de vivre, qu’ils aimeraient aussi voir appliquée à leur domaine. « Si on paie un peu plus cher pour un produit écologique, on peut aussi payer davantage pour rencontrer des personnes physiques au théâtre par exemple, illustre Samantha. Si on achète un légume chez un producteur bio, il sera unique, authentique, comme une œuvre d’art. »

Une dévalorisation de l’art

Elle imagine associer les pratiques écologiques à la culture. « Il existe des applications anti-gaspillage où des produits périmés sont vendus quelques euros. Pourquoi ne pas faire la même chose au théâtre et au cinéma ? Le prix des places restantes le soir même pourrait être réduit. Ça ferait peut-être venir du monde », propose-t-elle.

Il y a les rêves et les attentes. Et puis, il y a la réalité. « Avec la mondialisation, on a arrêté de faire des produits uniques. Ça ne vaut plus rien artistiquement parlant », déplore Jean-Yves Patry. Et ces artistes regrettent la dévalorisation de leur travail, face à la surconsommation et aux multinationales qui créent des produits en série.

« Quand on peut acheter un cadre à 3 € dans le commerce, pourquoi faire appel à en encadreur ? », questionne Patrick. « Oui, comme nous quand on entend que les photos que nous faisons, les gens peuvent le faire eux-mêmes sur Vistaprint, renchérit Samantha. L’art n’est pas considéré comme un métier sérieux. »

« Réhabituer les gens à sortir de chez eux »

Patrick la regarde du coin de l’œil et ajoute en riant ironiquement : « Ce n’est pas considéré comme un métier tout court d’ailleurs. » Parce qu’ils le reconnaissent, la culture coûte cher. « Elle n’est pas toujours accessible à tous, reconnaît Jean-Yves Patry. Payer pour aller au théâtre ou au cinéma, ça fait peur à certains. »

Patrick hausse les épaules, fait la moue : « Les gens s’achètent des téléphones portables à 500 €, multiplient les abonnements et s’achètent de belles voitures mais ils trouvent qu’une place de cinéma est chère ? Non, le problème vient de l’éducation. Il faut les réhabituer à sortir de chez eux et à s’ouvrir. »

Une vision de la vie qui résonne dans l’esprit de Samantha : « Il faut remettre la culture au cœur du lien social », lance-t-elle. Quant à l’élection présidentielle, ils n’ont que peu d’espoir de voir enfin les choses bouger. Tous iront pourtant voter. « Je ne suis aucunement convaincu par les candidats, assure Patrick. Mais je ferai mon devoir de citoyen. »

 

 

 

 

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