Le nouveau rapport Levy Waitz : pour pérenniser les tiers lieux !

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par Didier Galet

Un rapport de France Tiers-Lieux a été remis ce vendredi au Premier ministre, lequel demandera au président de l’association de travailler à de nouveaux développements possibles, notamment pour hybrider lieux créatifs et productifs et les Maisons France Service à vocation d’abord administrative.

La crise sanitaire a confirmé l’accélération des tiers-lieux, ces lieux où s’hybrident activités et services, et permettent de fabriquer de la valeur économique et sociale. Encore considérés il y a quelques années comme émergents, ils deviennent plus habituels, avec le recours massif au télétravail ou encore les achats et la production de proximité (de masques par exemple, dans des délais imbattables) en circuits courts.

Recensement des tiers-lieux

Le phénomène est parti des citoyens mais le gouvernement s’est invité il y a quelques années dans le mouvement en essayant de les soutenir, et Jean Castex veut maintenant en faire un « pilier » de la relance. C’est ce qu’il viendra dire à l’occasion d’un déplacement dans le Calvados ce vendredi. Cinq mesures seront présentées pour un budget de 130 millions d’euros, dont la moitié proviennent du plan France relance.

Tiers-lieux productifs

Notamment, le Premier ministre annoncera le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt appelé « Manufactures de proximité » pour « préserver et valoriser les savoir-faire artisanaux, développer les compétences et moderniser les process de production tout en contribuant à redynamiser les territoires et en premier lieu, les petites et moyennes villes, les territoires ruraux et les quartiers prioritaires de la politique de la ville ».

100 « manufactures » seront soutenues, une par département, à hauteur de 30 millions en tout. Cela fait une moyenne de 300 000 euros par projet, ce qui est davantage que ce que l’Etat avait financé unitairement jusqu’alors pour des tiers-lieux, car les coûts des machines sont souvent très importants.

Les quatre autres mesures

Autres mesures annoncées vendredi par Jean Castex ; le soutien à la formation professionnelle dans les tiers-lieux (50 millions d’euros), le déploiement du service civique, avec le lancement de 3 000 missions sur trois ans (20 millions d’euros), et de conseillers numériques dans les tiers-lieux (15 millions d’euros disponibles pour soutenir la fabrication d’un nouveau mobilier d’inclusion numérique). Enfin, 4 millions d’euros sont prévus, pendant 3 ans, pour financer l’accompagnement des porteurs de projet, la consolidation de la filière et des réseaux régionaux de tiers-lieux.

Partager les outils

Ces ateliers de fabrication de proximité doivent permettre une mutualisation des outils, ce qui les différenciera des fab lab et autres ateliers de production, et l’AMI aidera quelques projets existants mais surtout visera l’incitation de nouveaux projets. L’objectif de l’Etat, explique le ministère de la Cohésion des territoires, n’est « pas de standardiser ces tiers-lieux » nés de la volonté d’entrepreneurs, de collectifs, de collectivités, etc, mais de « mobiliser des moyens » pour les soutenir, renforcer leur foisonnement.

Les tiers-lieux sont l’expression de projets d’acteurs locaux, ils ont une forte « dimension territoriale » que Jacqueline Gourault encourage depuis 2018, rappelle son entourage. Le ministère a « essayé de fédérer » ce type d’initiatives autour d’un programme intitulé « Nouveaux lieux, nouveaux liens », chapeauté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Ses actions sont diverses, des « campus connectés » permettant aux bacheliers de faire un (début de) cursus universitaire sans avoir à déménager, aux micro-folies pour favoriser la médiation culturelle partout sur les territoires, ou encore aux « fabriques de territoires ».

Les Fabriques de territoires continuent

16 réseaux régionaux de tiers-lieux se sont formés autour de ces fabriques de territoires qui ont vocation à ouvrir la voie des « transformations sociales », et des autres manières de « travailler, produire et s’approprier le numérique » et de foisonner. Elles sont 252 – le Premier ministre annoncera une nouvelle vague de lauréats -, dont 128 dans les territoires ruraux. 35 nouveaux projets sont sélectionnés (avec trois nouveaux départements concernés, la Vendée, l’Ariège et les Hautes-Alpes). La prochaine et dernière vague de sélection aura lieu le 30 septembre. L’objectif est d’aboutir à 300 fabriques d’ici la fin de l’année.

La nouvelle vague de lauréats des Fabriques de territoires

« Le modèle économique est en train de s’installer un peu partout, un modèle hybride puisqu’en moyenne, les tiers-lieux fonctionnent avec 50% de financements privés [une proportion en augmentation] et 50% d’aides des collectivités, des agences de l’Etat, etc », commente Patrick Levy-Waitz, le président de France Tiers Lieux, qui assure que ces structures, « lieux des transitions » et « outils au service de la reconquête », s’installent dans le paysage de manière pérenne et concernent tout le territoire, et plus seulement les métropoles.

L’Etat veut donc maintenant s’appuyer sur ce mouvement et « collaborer » avec lui. Le gouvernement confie une nouvelle mission au président de France Tiers Lieux « pour continuer à créer les conditions d’amplification de cet écosystème » et de rapprochement avec des missions de services tournées vers le public.

Le ministère de la Cohésion des territoires a parallèlement l’objectif de déployer d’ici la fin de l’année 2 000 Maisons France Service sur le territoire – ces lieux réunissant plusieurs guichets administratifs qui sont déjà 1 500. Ils ne sont pas des tiers-lieux à proprement parler mais présentent des « liens de parenté assez forts ». L’objectif serait maintenant « d’hybrider des services publics mutualisés avec des fabriques et des manufactures ». « Ce qui compte, explique le cabinet de Jacqueline Gourault, est de créer des lieux où il y a des flux avec des gens qui viennent volontiers » et qui vivifient des communes et des quartiers. D’ores et déjà, certaines France services sont déjà associées à un café associatif, un musée ou une halte garderie. Pourraient facilement s’y greffer des espaces de coworking ou des ateliers partagés. »

Lire le rapport complet  

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