MOBILITE «Ce que vivent les Pays-Bas, on le vivra dans 10 ou 20 ans. L'usage du vélo va se développer partout »

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par Stéphane CUTTAÏA

Frédéric Héran participe à la 1ère Fête du vélo & des déplacements doux samedi 15 octobre à Mouroux. Il animera la conférence  « Comment développer l’usage du vélo et les mobilités douces en zone rurale et périurbaine ».

Maître de conférences à l’Université de Lille, urbaniste et économiste, Frédéric Héran a écrit « Le Retour de la bicyclette, une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050 » aux éditions La Découverte.

 

– Où en sommes-nous dans les aménagements cyclables des villes du Nord et du Pas-de-Calais ?

« Dans la région, Lille est la ville la plus avancée sur la question du vélo. La raison en est simple : c’est là que la voiture s’est imposée le plus tôt et que les dégâts causés par le trafic automobile ont été combattus en premier. En 2016, Lille a dissuadé les voitures de passer par le centre sans s’y arrêter. Un an plus tard, on constatait une hausse de 42 % de cyclistes dans le centre ainsi qu’une hausse sensible des déplacements à pied et en transport public et à pied. Tout cela sans nouveaux aménagements cyclables. Des villes comme Douai ou Arras, par exemple, ont aussi calmé le trafic au profit surtout du vélo. »

– Comment rendre une ville cyclable ?

« Les aménagements cyclables ne suffisent pas à rendre une ville accueillante aux cyclistes. Ce n’est pas si simple. Il faut accepter de réduire la place de la voiture dans l’espace public. C’est elle qui prend, et de très loin, le plus de place par personne transportée. Vouloir faire plaisir à tout le monde, aux automobilistes, piétons, cyclistes, usagers du bus est peu efficace. Le centre-ville de Lille est bien plus apaisé que celui de Dunkerque, ce qui explique en partie le plus grand succès du vélo à Lille par rapport à Dunkerque. »

– Peut-on encore dire aujourd’hui que le vélo est une préoccupation de « bobos » des grandes villes ?

« Les CSP+ (classes socioprofessionnelles les plus favorisées, ndlr), ou les gens éduqués mais pas forcément riches, sont revenus les premiers au vélo. C’était il y a 20 ans. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’un peu surreprésentés, oui, mais ce n’est plus exclusif. Les classes moyennes se mettent aussi au vélo. Les milieux populaires également, à leur façon, toujours différemment, comme pour les coursiers à vélo. Peut-être pas comme on l’espère, mais ils s’y mettent. Les villes au passé ouvrier sont encore peu cyclistes car la voiture y est une conquête récente. »

– Ces préoccupations gagnent-elles aujourd’hui les périphéries et la campagne ?

« Dans les années 70, en périphérie des grandes villes, les ouvriers allaient à l’usine à vélo. À l’époque, le centre-ville de Lille était envahi de voitures et la Grand-Place était un parking. Tout ça s’est inversé aujourd’hui. On l’observe partout en Europe. Le vélo est désormais présent dans les centres-villes et gagne doucement la périphérie, comme la Madeleine et Villeneuve-d’Ascq. C’était inimaginable il y a 30 ans. Personne n’aurait parié qu’il y aurait autant de cyclistes dans le centre en 2022.

En grande périphérie, on ne réalise encore guère d’aménagements cyclables. Mais la voiture commence à reculer : de plus en plus de villes interdisent, par exemple, les voitures aux abords des écoles ou suppriment des places de parking devant les mairies ou les églises. Elles feront peu à peu une place au vélo. Ce que les Pays-Bas vivent aujourd’hui, on le vivra dans 10 ou 20 ans. Le vélo finira par se développer partout. »

Source : La Voix du Nord – Par Louise Martel – 30 septembre 2022

 

 

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77120
Mouroux

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