Nicolas Soulier – Prochainement à Mouroux, C’est déjà ça
Des rues appropriables pour des villes vivantes
« Où sont passés les gens ? » C’est la question que l’on se pose parfois en observant nos rues mornes et sans vie. Pourquoi l’espace public est-il déserté dès que l’on s’éloigne des artères principales ?
LA « RUE » PRÉDÉFINIE ET FIGÉE
Dans son ouvrage, Nicolas Soulier, architecte-urbaniste, nous propose de « reconquérir les rues ». En France, la plupart des voiries et des trottoirs sont délaissés par les habitants. Ces derniers sont toujours là mais désormais, ils tournent le dos à la rue. Comme s’ils s’étaient repliés chez eux, sur eux. Pour Nicolas Soulier, plusieurs processus de stérilisation ont rendu nos rues sans âme. Une stérilisation règlementaire, tout d’abord, qui se révèle à travers les règlements municipaux. La somme des interdictions – souvent absurdes – ne laisse que peu de choix au riverain voulant embellir ou égayer sa rue. Laisser ses enfants jouer sur le trottoir ? Trop bruyant voire trop dangereux. Laisser pousser des plantes devant chez soi ? Souvent impossible.
Ensuite, une stérilisation routière consécutive à un partage de la voirie inégal. La plupart des rues laissent 70% à 80% de l’espace à la voiture (circulation et stationnement) tout en négligeant les autres utilisateurs, à savoir les piétons et les cyclistes. Au lieu d’avoir des rues vivantes et arpentées par de nombreux citadins, on longe des routes où l’on ne croise pas un habitant.
Enfin, une stérilisation résidentielle dans les grands ensembles. Si l’environnement extérieur de certains quartiers apparait peu accueillant, c’est peut être parce que la place du piéton est négligée. Souvent, tout est fait pour que le seul choix possible soit de s’y déplacer en voiture, sans avoir la possibilité de rencontrer un passant ou même un voisin.
Cette volonté de figer et de sécuriser les rues ne laisse pas de place à l’imprévu, aux rencontres, et au final à la vie locale. Pire, ce processus de stérilisation de l’espace public est contreproductif : à long terme, sécurisation ne veut pas dire sécurité. Une rue sans la présence de riverains impliqués favorise aussi les incivilités, les dégradations ou les agressions.
RÉAPPROPRIATION DES RUES : C’EST POSSIBLE !
Ne pas faire confiance aux citadins pour s’approprier les rues n’empêche pas une privatisation négative de l’espace public : stationnement sauvage ou non, tags, saleté… En économie, on pourrait appeler cela des externalités négatives. Mais cette situation n’est pas la même dans tous les pays européens et Nicolas Soulier dévoile une série d’exemples fertiles d’appropriation vertueuse des rues dans certaines villes allemandes (Brême, Fribourg) ou hollandaises (Amsterdam, Utrecht). Quels enseignements peut-on retenir de ces modèles ?
Tout d’abord, que le partage modal de la rue est indispensable mais ne suffit pas à rendre une rue agréable, animée et conviviale. Le partage de la voirie entre ses différents usagers est néanmoins la première condition pour reconquérir la rue. Cela suppose donc de donner plus d’espace aux piétons et aux cyclistes pour que ceux-ci puissent circuler convenablement. Mais la réussite tient aussi au « partage frontal » de la rue. A Brême, les habitants disposent de « bandes riveraines » (des Vorgärten, c’est à dire des jardins de devant) qu’ils peuvent aménager comme bon leur semble. La séparation entre l’espace public et l’espace privé est mise à mal comme le rappelle justement l’architecte. En effet, ces Vorgärten font parti du domaine public mais sont entretenus par les riverains. Ainsi, chaque habitant a tout le loisir de prendre part à l’embellissement de sa rue, ce qui change son fonctionnement et son ambiance.
PERMETTRE UNE APPROPRIATION VERTUEUSE DE LA RUE
En France, on s’intéresse beaucoup à la qualité urbaine des espaces publics emblématiques : les berges, les places, les quais, les belles avenues… Mais on oublie souvent que l’ensemble de nos voiries fait partie de cet espace public. Pourtant les collectivités territoriales n’ont ni les moyens ni le temps d’animer et d’entretenir correctement toutes nos rues. Pour qu’une appropriation vertueuse puisse se faire, il faut accepter une forme de privatisation de l’espace public.
A contrario du droit néerlandais ou allemand, la notion de frontage – avec une zone mi-privée mi-publique – n’existe pas dans le droit français. Des actions se mettent néanmoins en place dans l’hexagone. L’opération « Verdissons nos murs » à Lille permet aux habitants de quelques rues de faire pousser une plante grimpante le long de leur façade. Ce dispositif innovant exclut malheureusement 80% des rues étroites du fait de l’application de normes règlementaires. Certains Lillois s’approprient malgré tout leur trottoir. Bien qu’imprévue, cette privatisation est vertueuse dans le sens où les riverains et les passants profitent d’une rue plus agréable. Claire, habitante du quartier de Wazemmes estime à raison que planter un chèvrefeuille sauvage participe à la qualité de sa rue. Peu à peu, on passe ainsi d’une voie stérile et morne à une rue vivante et habitée.
On pourrait alors imaginer un contrat entre la ville et l’habitant où ce dernier s’engagerait à végétaliser, meubler et entretenir son frontage. Accorder aux riverains la possibilité de s’approprier une partie de leur environnement participe à la sécurisation de la rue. Surtout, s’impliquer dans la vie de sa rue, c’est se sentir impliqué dans sa ville, c’est avoir un regain d’intérêt pour la vie de son quartier…
Julien Dubois, Lille
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