Résumé de l’article: Burret A. (2021), « La politisation des tiers lieux », Multitudes, n°83, p.208-214 https://www.cairn.info/revue-multitudes-2021-2-page-208.htm
L’auteur s’intéresse à l’influence de la récente popularité du concept de tiers lieux sur le monde. Il reprend, dans un premier temps, l’origine de la notion de tiers lieu et confronte ce concept aux évolutions récentes. Tout d’abord à l’échelle mondiale, il met en lumière la popularité de ce terme dans de nombreux pays et son détournement à des fins marketing. Il évoque également des recherches menées dans l’objectif de promouvoir la création de tiers lieux à travers le monde. Par la suite, il recentre son propos sur le traitement des tiers lieux en France en évoquant l’institutionnalisation du concept par les politiques publiques et le glissement d’infrastructures sociales de « la joie d’être ensemble » vers le « faire ensemble ». Il propose enfin une vision de ce qu’est, à son sens, la politisation des tiers lieux, qui sont, selon lui, sont des lieux politiques par les échanges et le partage entre habitants des problématiques liées à leur environnement et leur territoire.
Quels sont les principaux apports de l’article quant à la connaissance des tiers lieux ?
Dans cet article bien plus récent que l’article “démocratiser les tiers lieux” du même auteur datant de 2013, A. Burret rappelle la définition des tiers lieux en mettant l’accent sur la dimension sociale de ceux-ci qui permettent une sociabilité de la « joie d’être ensemble ». Il fait par la suite un état des lieux à l’échelle mondiale des tiers lieux. Il introduit la notion de « devenir marchandise » des tiers lieux par la récupération des entreprises capitalistes du concept à des fins commerciales et questionne cette utilisation particulière de la sociabilité rendue possible par les tiers lieux. En effet, l’auteur évoque le concept de tiers lieux comme des espaces permettant de lutter contre l’isolement, permettant la création d’une communauté sociale autour des lieux, qui est attrayante pour les entreprises cherchant à développer une stratégie marketing en créant un esprit de communauté. Il évoque ensuite la politisation des tiers lieux en France à travers l’instauration d’une politique publique dédiée au soutien à la création des tiers lieux. C’est ainsi qu’il propose l’émergence de la notion de lieux du « faire ensemble » avec cette appropriation des tiers lieux par les pouvoirs publics « en y ajoutant une dimension productiviste ». Les tiers lieux, sous l’impulsion de la politique publique, doivent alors proposer un espace de sociabilité et de productivité aux communautés qu’ils fédèrent. Enfin, l’auteur choisit d’analyser la question de la politisation des tiers lieux autour d’un autre angle que celui de l’intervention récente de la puissance politique. A son sens, l’impact notable des tiers lieux ces dernières années tient à leur capacité de maintenir un espace de sociabilité et de potentielle solidarité pour des habitants d’un même territoire. Selon lui, c’est ainsi que se fait la politisation des tiers lieux dans le sens où ils sont des espaces de citoyenneté pour les habitants qui peuvent échanger, partager ou débattre permettant l’émergence d’innovations et de solidarités. Cela représente un apport intéressant quant à la connaissance de ce sujet car il s’agit d’une vision très récente, proposant plusieurs manières actuelles d’incarner le concept du tiers lieu, qui coexistent et qui peuvent questionner.
