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par Didier Galet

Dans Le Monde Diplomatique je suis tombé sur un article intéressant sur l’essor de ces « espaces rassemblant santé, écologie et monde associatif » dans les « zones sous-dotées ».

 

“Morgane Lavayssière et Garance Fafa, deux jeunes orthophonistes lasses de leurs conditions d’exercice à Marseille, racontent leur expérience dans l’article : « Quand on travaille en libéral, on est isolé. La course à l’acte nous oblige à faire des horaires fous. Et on ne se sent pas à la hauteur de la tâche, car on manque de pluridisciplinarité », estime Morgane. Toutes les deux entament alors un tour de France en van aménagé à la recherche d’innovations pour soigner différemment, et elles découvrent les centres de santé d’un côté, et les tiers-lieux de l’autre. Pourquoi ne pas les faire cohabiter ? Les deux amies s’installent en Ariège dans un désert médical et planchent sur un « centre de santé pluridisciplinaire qui propose des jardins partagés, un café associatif, des conférences, un accès au numérique et des ateliers divers ».

Approche multidimensionnelle

Morgane imagine déjà la future patientèle qu’elle raconte ainsi : « Colette, 83 ans, vient pour sa rééducation suite à son AVC : elle consulte son médecin, son orthophoniste, sa kiné, puis retrouve d’autres personnes du village dans la salle de convivialité. Elle discute avec Sami : bientôt à la retraite, le sexagénaire se sent un peu dépassé depuis qu’on a diagnostiqué la maladie d’Alzheimer à sa femme. Deux à trois fois par semaine, Camille,               le maraîcher du village, vend ses productions bio et anime parfois avec Maylis, la naturopathe, des ateliers cuisine végétarienne. » Ce concept de « tiers-lieu hybride » suscite un vif enthousiasme de la part de la population, mais aussi du corps médical : l’équipe s’est vite agrandie et comporte aujourd’hui, en plus des deux orthophonistes, un médecin, une naturopathe et une secrétaire médicale.

La structure a rejoint le « réseau Hameaux de santé », qui fédère les projets de centres de santé avec une approche globale, écologique, démocratique et sociale. Jesse Robert, 28 ans, aux manettes du réseau, est régulièrement sollicité par des professionnels de santé : « On est nombreux à avoir à peu près la même idée au même moment, mais sans savoir comment mettre en place des projets en tenant compte des contraintes juridiques et financières. Je suis pour l’instant trois projets pilotes. Sans compter les lieux déjà existants qui pourraient rejoindre le réseau. »

La solution contre les déserts médicaux ?

Ainsi de « l’Hirondelle bleue, un centre de médecine intégrative à Rebreuviette (Pas-de-Calais) alliant médecine conventionnelle et thérapies complémentaires ». Amandine Debray, à l’origine du projet, est également contactée par de nombreux médecins souhaitant monter des centres de soin novateurs. « Les concepts ne sont pas toujours les mêmes, mais on retrouve toujours l’envie de porter un projet collectif, avec une vision plus humaniste des soins », explique la médecin généraliste. Son projet fédère pour l’instant 19 thérapeutes : naturopathes, sophrologue, ostéopathe, réflexologue, hypnopraticienne, « plus trois autres généralistes qui souhaitent rejoindre l’équipe ; en plein désert médical, ce n’est pas anodin », souligne celle qui s’est formée à la médecine intégrative après avoir exercé comme médecin généraliste pendant dix ans en maison de santé pluridisciplinaire.

« J’avais l’impression de ne pas apporter de solution durable au patient, de ne traiter que les symptômes », poursuit-elle. Avec une approche multidimensionnelle, un parcours de soin complet et personnalisé, le médecin dit avoir retrouvé du plaisir à sa pratique : « Les tiers-lieux de santé peuvent être une piste pour attirer les jeunes médecins dans les déserts médicaux. La quête de sens mobilise plus qu’une prime ou une mesure coercitive”.

 

Ces réflexions et actions convergent avec ce que nous avons expérimenté dans le cadre de Diabète 2.0. Des lieux hybrides pour mieux suivre une pathologie, mieux y penser au contact des autres patients dans la même situation mais aussi l’oublier au contact avec d’autres usagers et animations.

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